lundi 2 décembre 2019

1889-2019 : 130 ans plus tard, la même francophobie anglo-suprématiste





En mars 2019, ces Glanures ont présenté quelques écrits du journaliste et poète Rémi Tremblay (1847-1926) dans lesquels, avec une verve aussi brillante que percutante, il démasquait la plus-que-flagrante hypocrisie des anglo-suprématistes d'alors à l'égard de l'élément francophone du Québec et du rest of Canada. Pour les gens qui n'ont pas encore eu la chance de savourer ce foudroyant réquisitoire, cliquez sur cette image : 


À maintes autres reprises durant sa longue carrière, Rémi Tremblay a pourfendu avec une même vigueur le racisme anti-canadien-français — on dit « québécophobe » de nos jours  des anglo-suprématistes. Il l'a fait notamment dans les jours qui ont suivi les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste du 24 juin 1889, à Québec. 

Il faut savoir que cette année-là, la Saint-Jean-Baptiste avait donné lieu à d'importants et fastueux déploiements de foules accourues non seulement de toutes les régions du Québec, mais également des autres provinces canadiennes et des États-Unis. 

Deux moments forts de ces festivités furent, en premier lieu, l'adresse historique du premier ministre du Québec, Honoré Mercier, dans laquelle il lança à ses compatriotes du Québec son vibrant cri de ralliement : « Cessons nos luttes fratricides, unissons-nous ! » 

Pour, consulter, télécharger ou imprimer le discours dans lequel 
Honoré Mercier lança son célèbre cri de ralliement: « Cessons nos 
luttes fratricides, unissons-nous ! », cliquer sur cette photo de la 
plaque apposée sur le monument Mercier sur la pelouse de 
 l'Assemblée nationale du Québec : 

(Photo : Daniel Laprès, 2013)



Le deuxième moment fort fut l'inauguration du monument Cartier-Brébeuf, en hommage à Jacques Cartier et à Jean de Brébeuf. Pierre J.-O. Chauveau, qui avait été premier ministre du Québec de 1867 à 1873, livra alors son dernier grand discours historique (il est mort moins d'un an plus tard), que l'on peut consulter en cliquant sur cette photo de ce monument que l'on peut encore admirer à Québec : 



Tous les événements au programme de ces grandioses festivités nationales ont été décrits dans un gros volume (552 pages) publié l'année suivante, en 1890, lequel contient également tous les discours et adresses qui y ont été livrés (dont ceux de Mercier et de Chauveau), en plus des articles parus dans les journaux de l'époque. L'ouvrage a été conçu sous la direction de Honoré-Julien-Jean-Baptiste Chouinard (ils étaient encore plus zélés qu'à notre époque pour forger des prénoms composés !), un notable de Québec qui fut, dès 1880, l'une des principales chevilles ouvrières des célébrations de la Saint-Jean-Baptiste, et qui plus tard, en 1908, sera au cœur des fêtes du troisième centenaire de la fondation de la Vieille Capitale. 

Honoré-J.-J.-B. Chouinard (1850-1928) et l'ouvrage qu'il fit 
paraître  en 1890.Pour consulter ou télécharger gratuitement 
ce volume, cliquer ICI.

(Photo de H.-J.-J.-B. Chouinard : BANQ ;
cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Les hors-d'oeuvre vous ayant été servis, chère lectrice et lecteur de ces Glanures, arrivons-en maintenant au plat de résistance... 

Le volume de Chouinard contient également un dossier sur une attaque francophobe lancée dans le journal The Toronto Mail (un des ancêtres de l'actuel Globe and Mail) par un anglo-suprématiste ontarien qui s'était senti outré du caractère grandiose des festivités nationales et patriotiques tenues à Québec le 24 juin 1889.  

Il n'en fallait pas plus pour que Rémi Tremblay pulvérise l'anonyme raciste dans l'édition du 3 juillet 1889 du journal La Justice, de Québec, dont il était le co-rédacteur en chef. Ce journal avait été fondé par des défenseurs de Louis Riel, peu après la mise à mort de ce dernier par le régime fédéral de John A. MacDonald. Le texte n'est pas signé, mais on reconnaît d'emblée son style cinglant doublé d'une indéniable rigueur intellectuelle, laquelle fait cruellement défaut à son adversaire francophobe dont l'argumentation fait réellement pitié.  

Ce que la lecture de cette confrontation datant de 1889 rend évident, c'est le fait que, 130 ans plus tard, cette francophobie est toujours tout aussi virulente chez les anglo-suprématistes de 2019, comme on l'a vu très nettement avec les récentes motions des parlements et conseils municipaux du rest of Canada contre la pourtant timide loi 21 sur la laïcité de l'État québécois. Toujours les mêmes accusations mensongères et hypocrites d'intolérance, et ce, de la part de parlements comme ceux du Manitoba (crise des écoles françaises) et de l'Ontario (Règlement 17), qui tous deux ont remporté la triste palme des atteintes les plus intolérantes et racistes de l'histoire canadienne contre les droits de leurs minorités de langue française. 

Voici d'abord l'introduction du duel entre l'anglo-suprématiste ontarien et le valeureux Rémi Tremblay telle que présentée dans l'ouvrage de H.-J.-J.-B. Chouinard, suivie de la complainte dudit francophobe puis de la cinglante rebuffade de Rémi Tremblay. Délectez-vous : 


LA QUESTION FRANÇAISE : ESCARMOUCHES

PROJET DE DÉMONSTRATION 
SUR LES PLAINES D'ABRAHAM


Dans ce concert presque sans réserve d'éloges à l'adresse de notre fête du 24 juin 1889, il est vraiment regrettable d'entendre résonner quelques notes discordantes échappées à la violence de quelques fanatiques ennemis de notre race. Et pourtant, notre devoir d'annaliste consciencieux nous oblige à dire — ce qui du reste sera plus tard enregistré par l'histoire — que l'année 1889 aura été marquée par une explosion de récriminations haineuses contre les progrès de la race française en Canada.

Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas de traiter ici ce sujet brûlant. Mais, puisque nous en sommes à parler du lendemain de la fête, nous citerons comme échantillon du genre une correspondance adressée au Mail de Toronto, quelques jours après la démonstration de Québec, et qui fait voir les colères qu'elle a soulevées dans le camp des irréconciliables.

En regard de cette élucubration insensée, nous publions [la fière et vaillante réponse] de La Justice [le 3 juillet 1889].

Ces deux pièces suffisent pour donner une idée de la campagne entreprise contre l'élément canadien-français, et dont le résultat le plus clair est un témoignage rendu par nos ennemis à notre force croissante et à notre valeur reconnue comme facteurs importants dans les destinées futures de l'Amérique :


— 1 —


LETTRE AU RÉDACTEUR DU MAIL
DE TORONTO


« Monsieur,

Un grand nombre de Canadiens-britanniques ont été brutalement réveillés de leur différence nationale par les discours prononcés à Québec pendant la démonstration de dimanche et de lundi dernier, et se demandent maintenant si rien ne peut être fait pour maintenir l'honneur du drapeau britannique et de la population du Dominion.

Nous soumettrons-nous lâchement à ce que la glorieuse victoire gagnée par nos braves ancêtres sur les plaines d'Abraham, le 13 septembre 1759, soit effacée de l'histoire britannique ?

La gloire et les hauts faits de la race britannique en Canada seront-ils obscurcis et amoindris par les bravades d'un peuple dont la liberté et la prospérité sont dues presque en entier à la religion protestante, ainsi qu'aux capitaux et à l'esprit d'entreprise des protestants britanniques ?

Pouvons-nous, comme sujets britanniques et comme protestants, loyalement et en toute sécurité, ne pas tenir compte des prétentions et de l'arrogance de l'élément canadien-français en ce pays ?

Je ne crois pas que nous le puissions. S'ils ne veulent pas renoncer à leurs idées du moyen-âge et à leur non-sens anti-britannique, il faudra les traiter de la même manière que les Allemands traitent la population de l'Alsace-Lorraine.

Les Canadiens britanniques ne désirent priver leurs concitoyens d'origine française d'aucun des droits, privilèges ou libertés auxquels ils tiennent eux-mêmes et qu'ils considèrent comme sacrés. Mais il faut que l'Union Jack soit l'objet d'une allégeance non-partagée.

Ces Canadiens-français, de sang-froid, presque insolemment, nous invitent à devenir Français et à nous unir à eux pour établir une nation française dans l'Amérique du Nord. Est-il probable que les Canadiens britanniques, qui lisent pour eux-mêmes et qui connaissent les faits de l'histoire, confieraient leurs libertés civiles et religieuses entre les mains et sous la garde d'un peuple qui perpétue la mémoire des actes commis par ses compatriotes lors d'une certaine fête de la Saint-Barthélemy, au seizième siècle, des décimations des Albigeois et du massacre des Huguenots, et qui s'enorgueillit de ces crimes ?

Non : la devise des Canadiens britanniques est intelligence et progrès, non pas ignorance et rétrogradation

Donc, que les Canadiens britanniques se rallient immédiatement autour du vieux drapeau. 

Qu'un pique-nique gigantesque soit tenu sur les plaines d'Abraham par les Canadiens britanniques, le treize septembre prochain. Que vingt mille loyaux [britanniques], amis de la liberté, fassent de ce point leur rendez-vous ; et que leurs prières et leurs louanges montent vers le Très-Haut pour sa bonté dans le passé et qu'on lui demande la sagesse nécessaire afin de guider le peuple dans ses efforts pour fonder une grande nation qui honorera et glorifiera son nom à jamais ».

[Signé] : CANADIEN BRITANNIQUE
Hamilton, 28 juin.


 — 2 —


RÉPONSE DE LA JUSTICE
DE QUÉBEC


Voici comment La Justice, de Québec, accueillait cette sortie furibonde, dont le courageux auteur se blottissait confortablement sous le couvert de l'anonymat :

« Ce qui ressort le plus distinctement de tout le brouhaha créé à propos de la célébration de notre fête nationale, c'est l'incomparable lâcheté des francophobes qui voient un danger pour l'existence de leur race archi-supérieure extra-fine, dans le fait qu'il existe ici une autre race qui ne veux pas se suicider.

Les comparaisons sont toujours odieuses et, à titre de descendants du peuple le plus poli de l'univers, nous nous sommes toujours abstenus de mettre nos qualités en regard des défauts de ceux qui nous attaquent, mais puisqu'il y a parti-pris de nous insulter et de nous calomnier, il faut bien que nous examinions quels sont ceux qui font obstacle aux progrès du pays.

« Canadien britannique » est très dévoué à sa nationalité et à son vieux drapeau, qui sans nous aurait cessé depuis au-delà d'un siècle de flotter sur la citadelle de Québec. Il oublie cependant que s'il existe quelque part une nation qui a besoin des autres peuples, c'est bien la nation anglaise.

Privée de son commerce extérieur, l'Angleterre serait incapable de suffire à ses propres besoins. Les Anglais se sont faits les voituriers de l'univers. Ils y trouvent leur profit, mais le jour où il ne resterait plus sur la Terre que des entrepreneurs de transport, ces derniers ne feraient pas beaucoup d'argent à se transporter les uns les autres... Il est vrai que les britanniques britanniquants de l'école du Mail n'auraient plus à redouter la comparaison avec les autres nationalités, et cela leur procurerait un sentiment de quiétude.

Le correspondant du Mail parle de la victoire de Wolfe comme un homme qui est bien aise de trouver dans toute l'histoire du Canada un seul combat où ses ancêtres n'ont pas été battus à plate couture. Nous n'en sommes pas à une victoire près. En hommes habitués à vaincre, nos pères considéraient la défaite comme une exception et la victoire comme la règle générale. Aussi n'avons-nous jamais songé à aller commémorer en plein cœur d’Ontario toutes les victoires de nos ancêtres. Cela nous prendrait trop de temps.

Lorsque les Anglais fêtent la Saint-George, cela ne nous inspire pas même l'idée de célébrer la victoire de Sainte-Foy, postérieure à la bataille des plaines d'Abraham, dernière victoire française où nos pères ont montré un courage et une valeur qui nous ont probablement valu, lors du traité, ces privilèges que le Mail voudrait maintenant nous extorquer, privilèges qui ont été l'une des conditions de la cession du Canada.

La religion protestante et les capitaux protestants ont fait beaucoup, vraiment, pour notre liberté et notre prospérité : les capitaux protestants ont servi bien souvent à écraser les entreprises des nôtres. Ils se sont doublés grâce au travail de nos compatriotes et ils sont retournés en Angleterre après avoir fait boule de neige ici à nos dépens.

Quant à la liberté dont nous jouissons, nous l'avons conquise les armes à la main en combattant contre les fanatiques de l'école du Mail.

Toujours, on a vu les Canadiens-français catholiques se ranger du côté des libertés populaires en même temps qu'on voyait les protestants fanatiques prêter main-forte à la tyrannie. Dans les luttes parlementaires comme sur les champs de bataille, c'est nous qui avons combattu pour la liberté et ce sont les modèles des fracasseurs d'aujourd'hui qui ont été les suppôts du despotisme et de l'arbitraire.

Leur conduite actuelle prouve qu'ils sont bien restés les mêmes.

Hypocrites et lâches, c'est au nom de la liberté qu'ils nous menacent de tenir à notre égard l'odieuse conduite que les Allemands ont adoptée en Alsace-Lorraine.

Et pourquoi expriment-ils le désir de nous enlever les libertés que nous leur avons arrachées de vive force ? Parce que nous avons osé dire que nous resterons ce que nous sommes !

Allez-y gaiement ! Mauvaises imitations de Bismarck : vous réussirez certainement à vous faire détester et mépriser à l'égal des casques à pointe, mais où vous échouerez misérablement, c'est dans la mise à exécution de vos tyranniques projets. Les Alsaciens-Lorrains sont d'origine allemande, mais la France les avait si bien traités qu'ils veulent rester Français, et que toutes les mesquines persécutions de Bismarck n'y pourront rien.

C'est en proposant d'asservir un peuple libre pour le punir de son dévouement à sa nationalité que vous osez lui reprocher de tenir aux idées du moyen-âge. On dirait qu'il n'y a pas eu de moyen-âge en Angleterre.

Vous ignorez que pendant cette période de fracassage où l'on se serait cru transporté en plein dix-neuvième siècle et en pleine province d'Ontario pendant que les reîtres du temps inventaient des prétextes pour égorger et piller leurs voisins, les monastères catholiques veillaient à la conservation de la science acquise et se livraient avec ardeur et succès aux recherches scientifiques.

Vous ignorez bien des choses. Vous affirmez, avec tout l'aplomb qui convient à l'ignorance, que nous, Canadiens-Français, nous célébrons les massacres de la Saint-Barthélemy, les décimations des Albigeois, et les massacres des Huguenots.

Pourquoi pas en même temps les Vêpres siciliennes, le meurtre de Jules César, et le crime de CaïnVous avouerez bien que vous êtes responsables de ces derniers crimes tout autant que nous.

Que des Albigeois aient été massacrés au onzième et au douzième siècles, que des protestants aient eu le même sort au seizième siècle, cela est très regrettable et cela prouve qu'il y a eu, même parmi les catholiques, des exploiteurs de religion aussi peu scrupuleux que les fanatiques du Mail. Mais nos premiers établissements datent du dix-septième siècle et le Canada français n'est pas plus responsable de ces crimes que de l'insigne lâcheté dont les Anglais se sont rendus coupables en faisant brûler Jeanne d'Arc.

La seule différence entre nous et nos ennemis, c'est que nous, nous condamnons tous les crimes commis au nom de la religion tandis que vous, vous avez fondé une immense association dont le but avoué est de perpétuer la mémoire des atrocités dont les catholiques de l'Irlande ont été les victimes.

Il faut être ignorant comme on le devient en lisant pour soi-même des écrits où l'effronterie dispute la palme au mensonge, pour prétendre que les Canadiens-Français se réunissent dans le but de, commémorer la Saint-Barthélemy et les massacres des Albigeois. Vous seriez bien en peine d'en trouver un seul qui ne soit prêt à condamner ces crimes comme il condamne le fanatisme des massacreurs d'intention qui ont toujours la menace à la bouche et la haine au cœur.

N'ayez pas peur que nous insistions pour vous forcer à devenir Français. Lorsque vous nous proposiez de vous joindre afin de ne former qu'un seul peuple de langue anglaise, nous vous avons dit : "Devenez Français puisque l'étude d'une seule langue suffit à votre faculté d'apprendre". C'était tout simplement pour vous faire voir l'absurdité de votre prétention. Nous n'y tenons pas le moins du monde.

Restez fracasseurs, vous n'êtes pas civilisables. Seulement, ne faites pas les dégoûtés, ne vous étonnez pas trop. Il y a six mois que La Justice refuse votre gracieuse invitation et qu'elle vous propose de disparaître vous-mêmes, si vous tenez absolument à l'unité de race et de langage.

Votre devise, dites-vous, est "intelligence et progrès non pas ignorance et rétrogradation"... Vous cherchez sans doute ce qui vous manque et vous voulez vous débarrasser de ce qui vous nuit. C'est très bien, cela. Nous serons les premiers à vous venir en aide pour dissiper les ténèbres qui obscurcissent votre intelligence, vous débarrasser de vos idées surannées, vous instruire sur l'histoire, à commencer par ce qui se passe autour de vous, et vous empêcher de rétrograder vers le moyen-âge où vos instincts semblent vous entraîner.

Car enfin, nous, nous appartenons à une race civilisatrice. Nous n'avons jamais fait d'agitation pour restreindre l'enseignement dans nos écoles ; nous ne songeons pas à réduire les gens en servitude, et vous ferez peut-être bien de venir camper à Québec, sur les plaines d'Abraham où sont tombés des braves qui n'avaient rien de commun avec les écumeurs des camps, et qui, s'ils étaient à votre place, voudraient nous traiter loyalement, comme il convient à de braves soldats de traiter de braves citoyens.

Priez, demandez la sagesse : vous en avez besoin. Nous joindrons nos prières aux vôtres.

Mais rappelez-vous une chose : c'est que si vous venez ici pour nous insulter, comme cela semble être votre intention, vous trouverez à qui parler ».

Extraits de : H.-J.-J.-B. Chouinard, Fête nationale des Canadiens-Français célébrée à Québec, 1881-1889, Québec, Imprimerie Belleau & Cie Éditeurs, 1890, p. 468-474.


Les gens qui souhaitent en savoir plus sur Rémi Tremblay et qui
voudraient s'inspirer de sa plume aussi brillante que mordante
passeront de très bons moments à lire son recueil Aux chevaliers
du nœud coulant
, qui fut l'objet d'une édition récente et qui est
toujours disponible dans toute bonne librairie. Informations ICI.

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