mercredi 1 juillet 2015

Un prédécesseur de Philippe Couillard... dans l'infamie

La bataille des Plaines d'Abraham, 13 septembre 1759


De tous les premiers ministres de l'histoire du Québec, Philippe Couillard (comme je le décrivais dans cet article sur RadioH2o) se révèle déjà comme celui qui aura le plus piétiné et le plus trahi les libertés fondamentales pour lesquelles nos ancêtres ont dû âprement lutter, particulièrement contre le pouvoir du surnaturel (autrement dit la religion) sur la société, la politique et l'État. 

L'étendue des mesures liberticides du projet de loi 59, récemment annoncé, est stupéfiante : à côté de ça, la fameuse Loi du Cadenas de Duplessis, c'était vraiment de la petite bière, et Couillard, en plus de se démarquer par sa servilité rampante à l'égard des forces obscurantistes les plus agressives de notre temps, se positionne en vue de devenir le plus grand fossoyeur des libertés québécoises. 

Le fait est que Couillard est carrément en train de ramener la société québécoise à l'époque sombre où l'État servait de «bras séculier» au despotisme religieux. Jadis, c'était les tenants de l'ultramontanisme qui combattaient la séparation de la religion et de l'État. Aujourd'hui, ce sont les mouvances qui propagent la charia, dont la censure, qui occupe une place de choix dans le projet de loi 59, est un pilier central.

Philippe Couillard ne fait pas seulement que trahir les libertés et l'identité québécoises.Il trahit également l'héritage de son propre parti en imposant exactement ce que combattaient ceux qui jadis dirigeaient le parti libéral, dont l'un des plus importants penseurs fut Edmond Lareau, un juriste, écrivain et député, qui écrivait en 1879 :


«Tolérer l’influence du pouvoir religieux dans la vie politique équivaudrait à nier le gouvernement constitutionnel, ce serait le gouvernement théocratique. L’autorité ne prendrait plus son origine et sa sanction dans le peuple, mais dans une classe du peuple, gouvernant la nation au nom du droit divin. Ce serait pénétrer dans l’obscure nuit du moyen âge».


Avec le projet de loi 59 qui met notre État au service des alliés islamistes de Couillard, on pénètre à fond la caisse dans «l'obscure nuit du moyen âge» contre laquelle Edmond Lareau mettait en garde nos compatriotes de son temps.  Et c'est aujourd'hui, en 2015, que Couillard nous fait ce sale coup, potentiellement mortel à nos libertés, alors qu'on ne croyait plus possible le retour à ce temps où on ne pouvait critiquer, et encore moins dénoncer les croyances surnaturelles ainsi que leurs coutumes misogynes, arriérées, homophobes, etc.  

Et tout ça, Couillard le fait en détournant notre propre État pour le mettre au service des forces obscurantistes, particulièrement celles qui se réclament de la charia. On comprend d'ailleurs très clairement pourquoi Couillard avait chassé de son parti la seule députée musulmane de l'histoire du Québec, Fatima Houda-Pepin, celle-ci étant trop opposée à son goût à ses alliés pro-charia. Parce que selon les vues de Couillard, les seuls musulmans acceptables et crédibles ne sont pas les démocrates parmi eux, mais bel et bien ceux qui professent la charia misogyne, homophobe, totalitaire, arriérée et obscurantiste. 

Pour ces raisons, et même en pesant scrupuleusement mes mots, je tiens Philippe Couillard pour la personnification du traître intégral. On ne s'étonnera donc pas trop si j'ai spontanément songé à lui lorsque, hier soir, je parcourais un chapitre consacré à un important traître à notre peuple, un dénommé Jean-Baptiste Cugnet, dans le dernier tome de la série Les petites choses de notre histoire, de l'historien Pierre-Georges Roy, dont l'oeuvre est immense et que l'on peut notamment qualifier de véritable fondateur de nos archives nationales. 

Jean-Baptiste Cugnet est celui qui s'est vendu aux Anglais en les guidant vers le chemin qui leur permettrait le mieux de surprendre l'armée de Montcalm juste avant la Bataille des Plaines d'Abraham. À l'instar de Couillard qui détourne aujourd'hui notre État québécois au service de l'obscurantisme pro-charia, Cugnet était donc lui aussi un facilitateur et un auxiliaire majeur de la destruction de son propre peuple. L'analogie ne me paraît pas du tout exagérée, même si, évidemment, les circonstances et le contexte ne sont pas les mêmes. Il demeure que les oeuvres de l'un comme de l'autre se distinguent par leur caractère dévastateur à l'encontre de notre peuple. Et tous deux, bien sûr chacun à sa manière, auront ouvert une vaste brèche à ceux qui veulent envahir notre pays pour détruire la société qui y est établie. 

En tout cas, c'est en étant persuadé que l'on gagne en lucidité quand on connaît notre histoire le mieux possible, que j'ai cru bon de vous partager cet extrait éclairant du texte que Pierre-Georges Roy a écrit sur ce personnage aussi infâme qu'ignoble, qui me rappelle singulièrement celui qui, présentement, trahit les libertés du peuple dont les destinées - pour notre plus grand malheur - lui ont été confiées : 

Pierre-Georges Roy (1870-1953)

LE TRAÎTRE CUGNET

Il est impossible de croire que Wolfe ait pu découvrir seul la petite côte de la falaise de Québec qui, dans la nuit du 13 septembre 1759, lui permit d'atteindre les Plaines d'Abraham où il devait trouver, quelques heures plus tard, un trépas qui l'a immortalisé. 

[...] James Thompson, décédé à Québec le 25 août 1830 à l'âge de 98 ans, et qui avait été soldat dans l'armée de Wolfe lors du siège de Québec en 1759, écrivait dans son journal, quelques années après la bataille des Plaines d'Abraham : 

«Monsieur Cugnet was the person who, at the Island of Orleans, gave General Wolfe the information where would be the best place to get up the bank above the town.»

Cugnet, croyons-nous, fut le véritable traître au mois de septembre 1759. 

Cugnet, comme tous les traîtres, se trahit lui-même, puisqu'il retomba aux mains des Français. En effet, le gouverneur de Vaudreuil écrivait de Montréal, le 11 mai 1760, au chevalier de Lévis, alors aux environs de Québec : 

«Il est indispensable que, sans tarder un instant, vous fassiez le procès du sieur Cugnet, militaire. Si par les preuves il est convaincu d'avoir trahi, donné à l'ennemi des avis ou éveils contraires aux intérêts de la patrie, je vous prie, Monsieur, de lui faire casser la tête sur-le-champ. Si, au contraire, il était prouvé que le sieur Cugnet s'était restreint et n'avait pas mésusé de l'ordre que le général Murray lui donna en le chargeant de la police des Français, il ne pourrait être puni, parce que la création et l'établissement de cet emploi étaient nécessaires et fondés sur le droit du vainqueur. Mais, en ce cas, vous voudrez bien le faire garder toujours à bord d'une des frégates, parce qu'après votre expédition, Monsieur l'intendant fera de plus amples informations, cette affaire étant de la plus grande conséquence.»

Deux jours plus tard, le 13 mai 1760, l'intendant écrivait à son tour au chevalier de Lévis : 

«M. le marquis de Vaudreuil vous marque ce qu'il pense de Cugnet. Si vous aviez des certitudes ou preuves des avis qu'il peut avoir donnés sur notre compte, ou des conseils qu'il peut avoir donnés contre le pays, il ne dépendra que de vous, après lui avoir fait donner un confesseur, de l'envoyer dans l'autre monde[...]». 

Le sieur Cugnet fut remis en liberté par les autorités françaises ou réussit à s'échapper de sa prison, puisque nous le voyons à Québec dans les premières années du régime anglais. 

M. Philéas Gagnon nous apprend même qu'il reçut une pension du gouvernement pour prix de sa trahison : 

«Dans un petit cahier de notes manuscrites qui semble avoir servi à un personnage quelconque des commencements du régime anglais ayant apparemment la disposition d'un fonds secret, on voit figurer, en 1765, le nom d'un Nicolas Cugnet, messager du Conseil, comme l'un de ceux qui retirent une pension du gouvernement for services

Nous croyons que le traître Cugnet était le frère du fameux jurisconsulte Étienne-François Cugnet, du chanoine Gilles-Louis Cugnet et du conseiller au Conseil supérieur Thomas-Marie Cugnet. Il est vrai que le petit cahier du fonds secret cité par M. Gagnon donne le prénom Nicolas au messager du Conseil qui recevait une pension «for services». Mais il peut y avoir erreur de la part du personnage propriétaire du cahier. 

Le traître Cugnet doit être Jean-Baptiste Cugnet, né à Québec le 26 mars 1726. [...] Dans tout le régime français au Canada, il n'y a eu qu'une famille Cugnet ici. C'est celle des légistes. 

Je viens de trouver dans une lettre inédite de Mme Bégon écrite à l'automne de 1751 la preuve que le sieur Cugnet, s'il n'était pas encore un traître, avait fort mauvaise réputation. Mme Bégon écrivait de France à l'une de ses parentes du Canada : 

«[...] Cette pauvre Mme Cugnet me fait bien pitié. Elle me mande qu'elle vend ce qu'elle a pour payer ses créanciers. Son fils est à La Rochelle en prison depuis deux mois. Après avoir battu le pavé de toute la France, il est venu se faire renfermer dans cette prison pour avoir insulté vivement M. Goguet, à qui il fit mettre l'épée à la main sur le canton, dont Cugnet se tira fort mal. Il y a un officier de ton pays mêlé dans cette histoire qui est heureux d'être parti car il aurait tenu compagnie à Cugnet. On dit l'affaire fort sérieuse pour eux. Tout ce que je puis t'en dire, c'est que Mme Cugnet serait heureuse d'être débarrassée de ce mauvais sujet, car il fait des tours partout où il a été.» 

[...] Le traître Jean-Baptiste alias Thomas [ou Nicolas] Cugnet s'éteignit dans l'obscurité, on ne sait pas même la date ni l'endroit de sa mort, pendant que son frère aîné, le jurisconsulte Etienne-François Cugnet, devenait l'une des plus belles figures de notre histoire en défendant ses compatriotes contre les projets si dangereux du procureur général Maseres

Source : Pierre-Georges Roy, Les petites choses de notre histoires, septième série, Québec, Éditions Garneau, p. 148-152. 

Septième volume (sur sept) des Petites choses de notre histoire
de Pierre-Georges Roy. Sa signature est au haut de la page couverture.  

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